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Laurence : on ne m'a pas informée que c'était irréversible

Bonjour à vous les courageuses, 

Je n’ai jamais pris ma plume pour écrire les souffrances que j’endurais, mais maintenant que ces Saloperies ne sont plus en moi je peux m’exprimer.

 

Le jour où mon mari et moi nous sommes allés voir un gynécologue pour me faire ligaturer les trompes, nous ne pensions pas que notre vie allée être chamboulée. 

 

C’était il y a 10 ans, j’avais 40 ans, marié avec 3 enfants, le gynécologue nous a dit « je préfère que vous ne subissiez pas une ligatures des trompes, j’ai la solution idéale, c’est récent, des petits ressorts, ça dure 15 minutes c’est en ambulatoire, vous verrez c’est bien », sans m’informer que c’était IRRÉVERSIBLE

 

Ça y est c’est fait et ma vie n’a plus été la même.  

Je n’ai pas souffert dés le départ, je reconnais, au bout d’une année j’ai mon épaule qui me fait souffrir, du coup mon bras qui perd de sa motricité et les nuits qui deviennent de plus en plus horribles. Rhumatologue, IRM, Scanner etc.. Vous devez avoir une névralgie cervico-brachiale, de l’acouphène qu’on met sur le dos d’une otite, ensuite des pertes de plus en plus fréquentes, abondantes, douloureuses, « c’est normal madame c’est la pré-ménopause », elle a beau dos celle là, je les crois après tout, ce sont des médecins, j’ai mal à l’intérieur de moi.  

 

J’ai pris 20 kilos, ça aide pas pour l’estime de soi. Je vais de plus en plus mal, j’ai mal dans mon corps, dans mes muscles, dans ma chair, jusqu’au jour où tout bascule, je pleure pour rien, alors que ma vie est belle, il n’y a pas de raison, à part la santé tout va bien. Je vais voir mon médecin qui me dit que je fais un Burn Out. C’est normal au boulot, c’est pas ça donc il m’envoie voir un Psy qui me donne des antidépresseurs.

 

Rien n'y fait, je suis toujours aussi fatiguée et déprimée. 

 

Je pars aux urgences avec 22 de tension, ils me gardent une semaine pour faire une batterie de test, je crie haut et fort : « j’ai des Essures renseignez vous !» mais non rien n’est fait, pourquoi 2 petits trucs me ferait souffrir comme ça ?

Résultat hypertension, donc un cachet en plus à prendre tous les jours, je suis plus à ça prêt. 

 

Je quitte mon boulot, on trouve une superbe maison dans le Lot et Garonne, une autre vie va commencer. Je retrouve un travail à 10 minutes dans une ambiance sympa, tout va pour le mieux sauf ma santé qui ne fait qu’empirer. 

 

Dès que je marche un peu, j’ai bien dit un peu, mes pieds et mes mains doublent de volume. Quand je me lève du lit, du canapé ou d’une chaise, j’ai 80 ans, je n’en peux plus, les vertiges arrivent, je suis arrêtée et hop encore un cachet à prendre.

 

Si je récapitule mes maux, mon épaule, mes cervicales, mon bras, mes ménorragies, mes douleurs pelviennes, mes mains et pieds qui gonflent, mes vertiges, mon acouphène. J’oubliais mes dents, et oui, 2 en moins sans rien faire et ce mal qui te ronge. Je songe à des choses négatives, mais j’ai un mari adorable qui me croit et me soutient, des enfants qui sont supers, donc non plus de pensées négatives, mais je pleure pour rien, je pars dans la salle de bain pour sortir ce trop plein de « je ne sais quoi ».  

 

Un jour de février 2020, le journal télévisé qui parle de femmes qui se battent contre Bayer elles ont ou avaient des Essures. 

Mais c’est moi ça ! 

 

J’appelle mon nouveau médecin traitant pour qu’elle m’aide, comment elle peut m’aider elle ne connaît pas Essure. Heureusement j’ai un mari tenace, il cherche, et là il trouve une thèse sur l’explantation des Essures, le nom d’une chirurgienne qui l’a déjà fait plus d’une centaine de fois.

 

Youpi ! Enfin on va voir le bout, elle est sur Toulouse, j’appelle et j’ai un rendez-vous rapidement. En février, on y va, pendant le rendez vous elle n’est étonnée de rien, vu le nombre de femmes qu’elle a vu souffrir, donc rendez vous début mars pour une date pour m’enlever les ressorts. Elle m’annonce qu’elle va m’opérer rapidement, enfin on y arrive. L’intervention doit être courant du mois de mars, mais le COVID-19 est là, ce n’est pas grave, il y a des gens qui souffrent plus que moi je peux encore attendre. Le confinement est levé, entre temps visio conférence avec ma chirurgienne pour voir si je ne m’affaiblis pas trop. Ça y est le déconfinement est là, la date du 21 Mai est actée pour mon opération. 

 

Pas évident car beaucoup d’examens à faire en urgence dont le test du COVID. 

 

Le 21 au matin je pars avec mon mari, direction Toulouse, il me laisse, et oui le COVID est encore présent, je me prépare car mon opération est prévue à 13h. 

 

Ça y est je suis réveillée, ma chirurgienne vient et me dit « ça y est tout s’est bien passé, regardez » elle me tend les images de la radio ASP, il faut dire qu’à part les ovaires je n’ai plus rien. 

 

Je m’étais préparée pendant le confinement au fait qu’elle allait me retirer mon utérus et mes trompes. 

 

Quand je suis allée me faire poser ses trucs je n’avais pas « signé » pour une mutilation, mais c’est comme ça, elle n’a pas le choix. 

 

Je ressors de la clinique, direction la maison. Le premier jour est difficile mais je vais de mieux en mieux. Pendant deux semaines, des infirmières viennent tous les jours pour me faire mes piqûres, elles savent que j’ai subi une hystérectomie totale avec salpingectomie bilatérale, mais pourquoi ?

 

Des Essures c’est quoi ?

Elles ne connaissent pas. Alors qu’elles sont dans le milieu médical… mais qui connaît les Essures ? 

En tout cas que ce soit mon médecin traitant, mon pharmacien, mon Kiné, personne ne sait ce que sont des ressorts Essures. 

 

Au bout de 5 jours, j’ai eu des sueurs en pleine nuit, froid chaud, j’ai du mal à uriner. C’est pas grave je vais la voir dans 2 jours pour me dire si je cicatrise bien. Je lui parle de mes sueurs nocturnes, elle a toujours été à mon écoute. Du coup, prise de sang pour vérifier si je n’ai pas une infection. 

 

Sur la route du retour, j’habite dans les environs d’Agen, donc presque 2 heures de route, mon portable sonne, ma chirurgienne qui m’annonce que j’ai une infection et que je dois me rendre aux urgences d’Agen pour passer un scanner ; on est à 5 minutes et c’est parti pour l’attente. Le scan confirme mon infection. Antibiotiques à forte dose par intraveineuse. Je ressors avec une semaine d’antibiotiques. Prise de sang pour voir si mon infection part, rendez-vous chez ma chirurgienne qui me rajoute une semaine d’antibiotiques pour finir mon infection est encore deux semaines d’arrêt.  

 

Je vais mieux, j’ai plus mon acouphène depuis le réveil de mon opération, mes mains ont arrêté de gonfler quand je marche, je revis et je souris à nouveau. 

 

Maintenant il faut que mon corps évacue, ce je ne sais quoi qui a bousillé ma vie. 

Etre patiente, je le suis depuis tellement longtemps que je ne suis pas à une année de plus.  

 

J’ai repris mon travail, ça fait 2 mois que j’ai été opérée, je vais beaucoup mieux, je rentre chez moi le soir sans être fatiguée et déprimée, je me lève sans avoir l’impression d’avoir 80 ans ou plus et surtout je vois la vie à nouveau en rose. 

 

J’ai eu une chance énorme d’avoir un mari qui ne m’a jamais dit « arrête de te plaindre, c’est rien bla bla bla » des enfants qui ont été aux petits soins pour moi et un patron qui n’a jamais douté de mes symptômes.  

 

Je voulais et je peux témoigner, pour dire à toutes les victimes des Essures, cela vaut la peine de se les faire enlever, car vous allez 100 fois mieux dès qu’on vous les retire.  

 

Après 10 ans de souffrance, de galère médicale, j’ai enfin la possibilité de dire que OUI les Essures sont la causes de mes problèmes de santé, même si la science ne peut pas l’expliquer, nous les explantées, nous sommes là pour le prouver. 

 

Pourquoi, nous Les Femmes devons nous battre, nous justifier ?

Quand les Essure ont été retirés du marché, pourquoi n’avons nous pas été prévenues que si nous avions des symptômes cela pouvait venir de là ?? 

Je leur en veux car j’ai eu l’impression qu’on ne m’a jamais prise au sérieux, à cause d’eux j’ai douté de ma capacité à penser. 

 

Le milieu de la médecine a fait l’autruche et nous a fait toutes passer pour des « folles », j’ai vécu ce calvaire aussi longtemps parce que personne n’a voulu prendre ses responsabilités, et même encore les femmes se battent pour se faire entendre, c’est une honte. 

 

Merci à toutes les femmes, c’est grâce à elles qu’enfin on nous écoute et que notre vie de douleurs s’est arrêtée. 

 

Il faudrait que toutes les femmes implantées sachent que l’association RESIST existe, mais par quel moyen ?