Voici mon témoignage plus d’un an après le retrait des implants essures, en espérant qu’il sera utile aux femmes victimes de ce dispositif (7 ans avec les essures).
Les implants essures ont été posés en 2015 (à 39 ans) par un gynécologue me certifiant qu’il n’y a aucun risque si ce n’est «celui de ne plus pouvoir avoir d’enfant…!».
Je suis infirmière et je faisais confiance à cette époque aux médecins et aux laboratoires.
Les années qui suivent ne sont qu’une lente descente aux enfers aggravée par une errance médicale qui ne devrait pas exister.
En effet, les autorités compétentes en dispositifs médicaux (au niveau international) savaient déjà à cette époque que ces implants pouvaient être la source de multiples problèmes contrairement à ce que l’on a voulu faire croire aux femmes.
Ils ont d’ailleurs été mis sous surveillance renforcée par l’ANSM suite à de nombreux signalements dès 2015.
Si j’ai pu arrêter le processus destructeur et espérer retrouver une certaine qualité de vie, c’est uniquement grâce aux associations qui mettent beaucoup d’énergie à informer et à dénoncer.
Le monde médical, le laboratoire Bayer et le gouvernement n’entendent ni nos souffrances ni notre désespoir. Pire, ils nous humilient, nous infantilisent, et ignorent nos difficultés. Comme de nombreuses victimes, je ressens beaucoup de colère face à tant de dénigrement. Malheureusement les implants Essure ne sont qu’un scandale sanitaire parmi tant d’autres…
Suite à la pose de ces implants, j’ai rapidement souffert d’épisodes très importants de ménorragies, de cycles menstruels complètement déréglés, de douleurs gynécologiques. Évidemment pas d’explication de la part du gynécologue : «Non madame, cela n’a rien à voir avec les implants».
Insidieusement s’installent alors la fatigue chronique, la sensation de verrouillage articulaire au réveil, celle d’avoir un corps de 80 ans, les tendinites, le sommeil qui ne sera plus jamais réparateur, les douleurs diffuses, les troubles cognitifs qui s’aggravent un peu plus chaque année, le moral au plus bas et les idées noires, l’essoufflement, les palpitations, la perte de cheveux, etc.
Impossible de comprendre ce qui se passe, et en même temps je n’espère plus rien de ces médecins qui minimisent ou peine à me croire….la pré ménopause à bon dos, le burn out ou la fibromyalgie aussi… Comme de nombreuses femmes, je me tais, je serre les dents et j’endure en espérant trouver des solutions auprès des médecines alternatives.
Alors chaque matin le même calvaire se répète avec l’objectif de réussir à se lever afin de faire face aux obligations du quotidien.
Chaque matin, je pense que ce n’est plus possible de vivre comme cela, que c’est trop dur, je sens que quelque chose s’aggrave de plus en plus mais quoi ?
Très active auparavant, sportive, je me retrouve à devoir chaque année diminuer un peu plus mes activités professionnelles, sociale ou de loisirs pour tenir le coup.
Quand j’ai compris que je n’avais plus l’esprit assez clair pour exercer sans faire d’erreurs en service de réanimation, ni assez d’énergie pour soigner mes patients et tenir le rythme exigé par le milieu hospitalier, c’est la mort dans l’âme que j’ai "choisi" de changer de métier.
A peine 3 ans après la pose, je quitte l’hôpital (suite à un long arrêt de travail et une inaptitude au poste ) afin d’envisager une reconversion professionnelle. Je me forme pour exercer un métier plus adapté à mes nombreux troubles physiques et psychiques.
En plus de la perte de leur santé, certaines comme moi ont perdu leur travail, et d’autres bien plus encore.
Les implants Essure sont une épreuve bien difficile pour les couples et les familles.
J’ai l’immense chance d’avoir auprès de moi mon mari et ma famille qui me soutiennent dans cette épreuve.
Aimant, patient, attentionné et d’un soutien sans failles, mon mari a toujours cru ce que je lui disais. Il endure courageusement avec moi depuis toutes ces années les effets provoqués par les essures.
Mais ce sont des années de vie volées par ces poisons, des années de souffrance, de stress, d’incompréhension, de projets abandonnés, de difficultés financières, de dépenses de santé non prises en charge, de futur bien sombre.
En 2022, grâce aux associations, j’ai pu comprendre que mes maux venaient certainement des implants contrairement à ce que disait le corps médical.
En quelques mois, j’ai échangé avec d’autres victimes et trouvé un chirurgien respectueux des protocoles de retrait.
L’hystérectomie totale fut nécessaire et j’y suis allée à reculons, très contrariée de devoir subir cette opération, consciente des risques encourus.
Ma souffrance physique quotidienne était devenue tellement importante que je n’arrivais pas à accepter de devoir supporter aussi des douleurs post opératoires inévitables. J’étais également peu convaincue que cela changerait quelque chose à mes symptômes. Peut être pas encore réellement certaine que les essures pouvaient être responsables de tant de souffrance.
Et pourtant, dès le lendemain de l’intervention, et malgré les douleurs post opératoires, quelque chose avait changé. Il fallu me rendre à l’évidence que le retrait m’avait libéré d’un poison. Les douleurs diffuses sont redevenues supportables, les céphalées aussi et pendant les 6 premiers mois de nombreux symptômes ont disparu ou se sont nettement apaisés.
Le chirurgien avant mon départ de la clinique m’a expliqué qu’il était normal de se sentir bien mieux puisque le réservoir principal de métaux lourds avait été retiré. Et qu’il observe des améliorations chez ses patientes dans les 6 premiers mois suivant l’explantation.
Malheureusement, d’autres organes font office de «réservoirs secondaires», pouvant expliquer les symptômes persistant.
Un an après cette intervention, je ne regrette pas ma décision.
Début 2022, je pensais ne pas pouvoir supporter encore bien longtemps toute cette souffrance. Je me sentais de plus en plus malade et je n’avais plus d’espoir de guérison.
Été 2023, les souffrances physiques et l’épuisement ont nettement diminué. Certains symptômes n’ont jamais réapparu.
Mais les séquelles perturbent toujours mon quotidien. Le plus difficile étant de supporter les troubles cognitifs dorénavant bien installés et très invalidants dans ma pratique professionnelle. Les douleurs et la fatigue restent parfois difficiles à vivre et demandent de s’organiser autrement au quotidien.
La CPAM a prononcé en début d’année une mise en invalidité de catégorie 1 et je travaille environ 30-40 h par mois. J’exerce dorénavant une profession libérale me permettant de travailler à mon rythme.
Le médecin conseil qui m’a reçu connaissait bien les méfaits neurotoxiques des métaux lourds. Il rencontre régulièrement, pour des demandes de mise en invalidité, des personnes malades (travailleurs au contact des batteries, la médecine ne sachant pas comment les soigner).
Je regrette qu’aucun médecin n’ait pu m’alerter bien plus tôt, cela m’aurait évité bien des souffrances et peut être les séquelles d’aujourd’hui.