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Maïder : douze ans c'est long quand on souffre

Si ce poème vous parait long c’est parce que douze ans c’est très long quand on souffre. J’ai voulu faire ressentir la longueur et le néant dans les méandres de la médecine.

J’ai essayé de souligner la condition des femmes dans tout le parcours médical. On ne trouve pas alors c’est psychologique !!!

A la fin j’essaie de ressortir ma colère et la rage contre le gouvernement qui à mon sens préfère taire la chose, pour ne pas faire d’esclandre et pour éviter de payer. 

Les études sur la mise dans le marché des implants Essure prouve que non cela ne coutait pas moins cher qu’une ligature des trompes, et en plus pas d’ études sur la longévité des implants et leur innocuité pour l’organisme. Mais là encore je ne suis qu’une victime parmi tant d’autres qui ne connaissent pas forcément les rouages du gouvernement et loin de moi vouloir supposer quoique ce soit qui pourrait être interprété comme du c0mplotisme.

 

Toujours est-il qu’à l’heure où j’écris je sais qu’encore des milliers de femmes ne sont pas au courant et souffrent en silence. Je ne l’ai appris pour ma part ’il n’y a  que quelques semaines. Le rendez-vous chez le gynécologue est pris pour une hystérectomie et salpingectomie. Je sais qu’il va falloir du temps et que probablement je ne redeviendrai jamais comme avant, douze années se sont passées, douze années de souffrance alors il est vraisemblable que non je ne redeviendrai pas comme avant, mais si seulement j’arrivais à moins souffrir et surtout surtout à enlever cette fatigue qui m’assomme tous les jours.

 

Essure (écrit pour l'association R.E.S.I.S.T.)

 

Petit nid à vie

Ensemble on a grandi

Petit nid de vie

Ensemble on s’épanoui.

Tu as su t’accrocher

Pour protéger, fabriquer

Mes quatre plus beaux trésors

Au prix de beaucoup d’efforts.

A l’aube de mes trente-cinq ans,

J’ai enfin décidé

De ne plus avoir d’enfants

 de te laisser te reposer.

Rendez-vous chez le gynécologue

Oublié la ligature des trompes

Une technologie en vogue

Révolutionnaire ne m’en détrompes.

Petits ressorts expansibles

Qui évite une chirurgie

Posés de manière habile

En deux heures tu reprends ta vie.

Tout semble parfait 

Et on est des milliers

A se faire implantées

Confiante et libérées.

Oublié Essure

Il fait partie de moi,

Je poursuis mon aventure

Dans ma vie, mon emploi.

Un peu plus fatiguée

Un peu moins énergique

Facile à expliquer

J’ai les règles hémorragiques.

Mes journées à la maison

Mes nuits à travailler

Voilà surement la raison

De ma fatigue bien ancrée.

A cela on peut additionner

Un manque de fer avéré

Mais il faut continuer

Continuer à avancer.

Car on est comme ça les femmes

On s’oublie, on s’efface

On doit toujours prouver

Qu’on peut y arriver.

On ne peut déroger

A cette loi de fierté

Que si on se plaint

C’est qu’on ne vaut rien.

Et à cela ajouter

La pensée populaire

Que les femmes en rajoutent

Qu’elles feraient mieux de se taire.

Alors on avance pour leur prouver

Que nous aussi on peut y arriver

Et que si je suis fatiguée

C’est que je ne fais qu’accumuler.

Je vais quand même consulter,

Car tout ne peux expliquer

Cette fatigue vraiment ancrée

Que rien ne peut améliorer.

« oh mais faut pas vous inquiéter

Avec la vie que vous menez

On va faire une prise de sang

Mais pour moi c’est le boulot, les enfants »

« Le résultat est tombé 

Vous êtes presque anémiée

Le taux de fer dans les chaussettes

Tenez des compléments en plaquette »

Mais cela n’a pas suffit

C’était je crois un mardi

La fatigue si lourde m’a envahi

Mes bras sont tout engourdis.

Plus de force dans mes extrémités

Je n’arrive plus à avancer

Mes genoux me font boiter

Plus de reflexe poplités.

Urgence dans le cabinet

Une tumeur ? Sclérose en plaque ?

Examens réalisés 

Rien n’explique l’attaque.

Aucun examen ne peut justifier

Ce mal qui m’a transformé

J’étais active, enjouée

Je suis passive, quasiment alitée.

Les médecins se réunissent

Je suis une intrigue, une malice

Après des mois sans repaire

On m’envoi voir un confrère :

« Je crois Madame à un burn out

Sur un fond hystérique

Le traitement sans aucun doute

Un suivi psychologique. »

Ca y est je suis cataloguée

Mes douleurs sont inventées

Ou du moins provoquées

Par mon cerveau dérangé.

MAIS NON CE N’EST PAS CA

JE VOUS EN PRIE CROYEZ-MOI

Et puis j’ai cédé

Fini par consulter

Je sens bien ma psy perplexe

Mais on ne va pas le dire

La situation est complexe

On ne va pas se mentir.

Un an d’arrêt, une reconversion

Fini pour moi la santé

Je travaille à la maison

Surement plus facile à gérer.

Ce n’était qu’une illusion.

Mes membres retrouvés,

 Ou du moins à moitié

Je ne peux plus me balader

Aussi longtemps sans flancher.

Mes muscles me font souffrir

Mais j’ai évité le pire

Je ne suis pas en fauteuil roulant

J’avance en me taisant.

La fatigue s’intensifie

Je cherche mes mots

Mais les médecins c’est fini

Je n’ose parler de mes maux.

Ma tête est lourde

Elle tambourine

La douleur n’est plus sourde

Retour à la médecine.

Apres plusieurs années de douleur

Je change de docteur

Une IRM est passée,

Un méningiome diagnostiqué

Mais il ne peut expliquer

Ses douleurs qui persistent

Conclus le spécialiste.

On va le surveiller

Mais il faut avancer

Hernies discales décelées

Et maintenant douleur aux poignets…

Je n’en peux plus de ses douleurs

Je crois parfois que je me meurs

Mes cheveux tombent, 

Mes dents se déchaussent

Mes articulations grondent

Je ne ressemble plus à grand-chose.

J’ai quarante-sept ans

Et plus toutes mes dents

Toujours aussi fatiguées

Je subis mes journées.

Et puis une vidéo

Sur les réseaux sociaux

Un témoignage m’interpelle

Je suis dans le même état qu’elle.

Comment est-ce possible ?

Comment faire le lien ?

Ces douleurs s’expliquent

Par un problème utérin ?

Ce révolutionnaire implant

Serai la cause de tout ?

Mais que fait le gouvernement ?

On nous a rien dit du tout.

Pourtant sorti du marché

Des études à la clé

Le gouvernement connaît

Les dégâts causés.

Douze ans que je souffre

Douze ans que je doute

Douze ans de gâché

Sept ans qu’ils savaient.

Ils ont même édité

Une procédure encadrée

Visant à retirer ce dispositif enflammé.

Mais ils ont juste oublié

Un petit détail important

Prévenir par courrier

Toutes les porteuses d’implants.

Même les médecins semblent ignorer

Ils en ont vaguement parlé

Mais pas plus renseignés

Sur les dégâts occasionnés.

Et c’est encore les femmes

Bafouées dans leur douleur

Qui vont prendre les armes

Pour alerter sur l’ampleur

L’ampleur des dégâts fondés

Par ses implants fabriqués

Avec des métaux lourds non adaptés

Qui finissent par nous empoisonner.

Les recherches se poursuivent

Mais le gouvernement esquive

Les implants Essure

Sont loin d’être sure.

Alors Monsieur le Président

Je pense qu’il est important

Et qu’il est enfin temps

De retirer tous les implants.

Et pour cela je souhaiterai

Si ce n’est pas trop vous demander

Au minimum d’informer

Par un courrier certifié toutes les femmes concernées

Du véritable danger.

Et juste vous rappeler

Que ça ne cesse pas au retrait

Et que plus longtemps on est exposées

Plus on peut être intoxiquées.

Donc le combat va continuer

On en a marre d’être bafouées

Le temps est maintenant venu

D’être entendu et reconnu. 

Maïder R.